Ven.25 février 2011

13h50. Johanna est assise depuis maintenant un quart d’heure à la table d’un petit café de Détroit, qui commence doucement à se faire connaître. L’enterrement de son père a eu lieu le matin même. Il n’y avait pas grand monde, et c’est ce que John voulait. Quelques amis de la famille, deux cousins un peu lointains et des collègues de travail. Johanna n’a pas pu retenir ses larmes. Elle a essayé, elle a voulu se montrer forte, pour son père. Lorsque tout s’était terminé, deux heures plus tard, elle avait erré une nouvelle fois, les larmes aux yeux et la gorge nouée, dans les rues de Détroit avant de se retrouver dans un petit café, où les beignets aux pommes et les croissants lui faisaient de l’œil.

Après s’être décidée à prendre un muffin aux myrtilles, elle s’assit dans un coin de la pièce à une table plutôt isolée. Elle se força à penser à autre chose que son père. Et la danse lui vînt en mémoire. Ah, la danse. Ca l’avait déjà sauvé plusieurs fois, et il ne serait pas étonnant qu’elle arrive à faire son deuil grâce à elle. Puis un père et ses deux enfants débarquent dans le café et toutes ses pensées se redirigent vers son défunt paternel. Elle les regarde quelque secondes : l’homme doit avoir la quarantaine, il donne la main à un garçon d’à peu près 6 ans tandis qu’il tient une petite fille avec son bras gauche. Elle semble s’être endormie dans ses bras et cette vue lui fait ressortir des larmes de tristesse et de désespoir.
La blondinette se lève précipitamment, ne pouvant plus supporter la joie et le bonheur qu’ils dégagent. Elle se dirige vers la caisse afin de payer son muffin aux myrtilles, mais une affiche attire son attention derrière la caissière : une annonce de colocation.

-    Excusez-moi, vous pourriez me faire voir cette affiche ? demande t-elle sans perdre de temps. L’employée la décroche et lui donne en lui demandant avec curiosité :
-    C’est pour qui ?
-    Pour moi, répond avec prudence et évidence Johanna. Elle est bizarre celle-là, pense t-elle immédiatement.
-    Mais t’as… vous avez quel âge ? demande maladroitement la brune, un peu surprise en s’obligeant à la vouvoyer. Elle ne lui donnait même pas 15 ans...
-    18 ans, lui répond la blonde avec encore plus de méfiance. Après tout, elle ne la connait ni d’Ève ni d’Adam.
-    Oh, je vous prenez pour une lycéenne de 15 ans, excusez-moi ! avoue la jeune femme avant de se rendre compte que ce n’était surement pas la meilleure chose à dire. Vous êtes jeune tout de même. Ca vous intéresse ?
-    Pourquoi ça vous occupe autant ?
-    C’est moi qui ai passé cette annonce, révèle Hayden.

16h10. Dans un petit appartement de Woodward Avenue à Détroit.

-    Non Rose !
-    Mais… pourquoi ? demande la jeune femme vexée.
-    Parce que !
-    Tu m’aimes pas, c’est ça ? suppose t-elle.
-    Ca n’a rien à voir et tu le sais très bien.
-    Ah, et ça a à voir avec quoi alors ?
-    On a que 20 ans bordel, je veux pas me marier maintenant ! s’énerve Mason en quittant la chambre pour se diriger vers la salle de bain.

Rose ne répond pas. À vrai dire, elle a déjà utilisé et réutilisé tous ses arguments. Et puis, elle n’aura 20 ans qu’en juin, en fait, alors, mieux vaut ne pas répliquer.

De son côté, Mason est lassé d’entendre encore une fois parler de mariage. Pourquoi ne comprend t-elle pas qu’il n’en a pas e.n.v.i.e ? Il n’a que 23 ans, et puis même, il ne veut pas se marier. Lorsqu’il a connu Rose en janvier 2010, il ne pensait pas qu’il resterait aussi longtemps avec la demoiselle. Il pensait que ça ne serait qu’une jolie fille en plus dans son lit. Une fille d’un soir comme tant d’autre. Leur relation durait depuis trois mois déjà lorsque Rose tannait son Mason chéri pour qu’ils se fiancent. Et c’est ce qu’ils firent une semaine après. Un soir où Mason avait juste un peu bu. Mais qu’importe, les fiançailles ne signifiaient pas grand-chose pour lui. Le mariage en revanche…

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17h45. Appartement d’Hayden & Summer.

-    Bon, si il y a un problème, ou même s’il n’y en a pas, appelle-nous, d’accord ? insiste Kennedy à sa fille.
-    Summer a subi... un traumatisme, il y a six ans, et elle n’en est visiblement pas guérie, murmure Theodore à Hayden. Il ne voudrait pas que Summer l’entende. Donc, si vous ju…
-    Oh, vous pouvez me tutoyer ! l’interrompt la brune.
-    Si tu juges, reprend t-il, qu’il y a un quelconque problème, tu nous appelle, d’accord ? Même si c’est quatre heures du matin, même si tu n’es pas sûre.
-    Ok, si vous y tenez, accepte Hayden en haussant les épaules, dans le but de le rassurer.

Les parents de la demoiselle font une bise à leur fille avant de s’en aller. Cette colocataire, à savoir Hayden, à l’air tout à fait honorable et ils espèrent de tout cœur que tout se passera bien. Déjà, elle a communiqué normalement avec elle. Pas beaucoup, certes, mais elle l’a fait, et c’était déjà une belle surprise pour Theodore et Kennedy.

-    Je sais qu'on se connaît depuis pas longtemps, mais si jamais y’a un problème tu peux m’en parler hein, dit la brune pour se montrer sympathique et accueillante, mais aussi parce qu’elle a envie de connaître un peu mieux cette fille qui l’intrigue tant.
-    Pourquoi y’aurait un problème ? lui répond t-elle. Qu’est-ce qu’on encore pu dire ses parents…
-    Je ne sais pas. En fait, ton père avait l’air inquiet.
-    C’est mes parents, ils sont comme ça, dit-elle en haussant les épaules.
-    Pasta pesto ? annonce t-elle joyeusement avec un petit accent italien, en changeant brusquement de sujet.
-    Hein ?
-    Ce soir, on mange… commence Hayden.
-    Ah, ok ! la coupe Summer en rangeant sa boîte de Miel Pops (qu’elle était obligée d’emmener) dans le buffet.
-   Ca marche ! Au fait, tu as prévu quelque chose pour demain ? Parce que trois personnes doivent passer pour l’annonce et si t’étais avec moi, je pense que ça serait mieux.
-    Pas de problème, je n’avais rien prévu de toute façon.

Quatre heures plus tard (soit vers 23H), Summer a (enfin !) le courage de se lever du canapé pour aller se mettre dans ses couvertures. Elle commençait déjà à s’endormir il y a une heure, mais elle ne pouvait se résoudre à quitter l’inspecteur Morgan d’Esprit Criminel. Hayden, quant à elle, regarde encore la série américaine, même si ses yeux commencent peu à peu à se fermer.

22h40. Appartement de Mason & Rose.

Alors que Mason travaille dans sa boîte, Rose est chez elle en compagnie de son meilleur ami, le jeune Kory Miller. Ils se connaissent depuis qu’ils ont 12 ans, lorsque la mère du jeune homme le laissait la nuit chez sa voisine de palier, la mère de Rose, pour aller travailler.

-    Il a dit non.
-    Quoi donc ? demande avec incompréhension Kory en branchant la clé USB derrière l’écran plat.
-    Mason. Il ne veut pas qu’on se marie, confie la blonde avec une triste mine, tandis que le jeune homme fulmine intérieurement. Ah, Mason Mason Mason ! Elle ne voit donc que lui ?
-    Peut-être que ce n’est juste pas le bon ? essaie de semer le doute le blond aux yeux bleus envoutants et déstabilisants.
-   Bien sûr que si, s’exclame Rose, comme si c’était une évidence. Bien sur que Mason est LE bon. C’est juste qu’il doit douter. Peut-être qu’il a rencontré quelqu’un. Tu crois qu’il a rencontré quelqu’un ? Tu crois qu’il serait capable de me tromper ?
-    Tu sais aussi bien que moi que oui, Mason est tout à fait le genre de mec capable de tromper sa meuf pour la première pétasse qui passe, tranche t-il en essayant tant bien que mal de cacher son énervement.
-    Attends, je rêve ou t’es jaloux de lui ? Pourquoi tu dis ça ? Pourquoi tu dis ça maintenant ? Avant tu disais qu’il était sympa, plutôt sérieux et…
-    Bah j’ai changé d’avis, puis pourquoi tu veux que je sois jaloux ? J’ai rien à lui envier à ce type, rien du tout.

Un ange passe. Rose est surprise du comportement de son meilleur ami. Il faut dire qu’elle le connaît depuis longtemps et qu’elle l’avait rarement vu s’énerver, surtout pour des choses aussi futiles. Seulement voilà, depuis deux semaines, l’ambiance est tendue entre les deux jeunes gens, surtout lorsque la demoiselle amène le sujet « Mason ». La blonde ignore pourquoi il se comporte comme cela envers l’amour de sa vie. Peut-être est-il jaloux étant donné que depuis qu’elle habite avec lui, la jeune femme est contrainte de moins voir son meilleur ami.

Kory attrape la télécommande et s’affale sur le canapé aux côtés de Rose, avant que celle-ci prenne le saladier de chips devant eux, sur la table basse pleine de… de bordel, il faut le dire. La plupart des objets sont à Mason, bien sûr.

-    Chips ?
-    Ouais, répond Kory en plongeant sa main dans celles-ci.

Sam. 26 Février 2011

11h30. Hayden se précipite à l’entrée, quelqu’un vient d’arriver. Surement l’une des personnes souhaitant habiter ici. Et elle ne s’était pas trompée :

-    Bonjour ! lance une grande brune d’une voix horriblement stridente.
-    Bonjour, entre entre, répond chaleureusement Hayden. Pas de préjugés, elle se l’ai toujours juré.
-    Ah, je vois que je suis la dernière ! Enfin, si vous me prenez, évidemment, dit-elle avec un sourire en apercevant Summer qui vient lui dire bonjour, par pure politesse bien sûr.
-    Donc, moi c’est Hayden et elle, Summer. Elle ici depuis hier seulement, explique t-elle poliment.
-    D’accord ! Par contre, si on pouvait faire… vite, j’ai un rendez-vous à midi et demi et le temps de faire la route et tout et tout…

La demoiselle, apparemment prénommée Alessandra (on s’apercevait clairement qu’elle avait des origines italiennes, grâce à son accent) commença par faire un rapide tour vers la cuisine tandis que Summer disait tout bas à Hayden :

-    Je sais pas toi, mais moi je crois que ça va pas être très possible.
-    Comme tu veux, c’est vrai que sa voix m’agace déjà énormément.

Alessandra visita en compagnie d’Hayden les chambres et la salle de bain. Elle laissa une nouvelle fois son numéro de téléphone, au cas où le premier papier qu’elle ai laissé soit égaré, ou quelque chose comme ça. Elle quitta l’appartement à 12H15.

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15h00. Johanna pénètre dans la petite boutique que tenait une femme d’une quarantaine d’années. Elle venait très souvent ici, c’était également l’un de ses endroits préférés. La boutique était assez populaire dans la ville, surtout pour ses cupcakes délicieux. Ici étaient également vendus des macarons, des cannelés ou encore des éclairs, bref, plein de petits gâteaux ou viennoiseries que la jeune femme adorait. Dans quelques minutes, elle irait visiter l’appartement de cette femme, qui devait probablement avoir son âge, et elle se devait de décompresser un peu.

Elle commanda une tartelette à la fraise et repensa à sa semaine. Cela faisait bientôt sept jours que son père était décédé. Il avait était enterré hier matin, au cimetière de Gabriel, près de Jefferson Street. C’était un peu éloigné de là où vivait Johanna mais John avait toujours voulu être enterré ici.  La semaine avait été compliquée. Johanna n’avait pas manqué un seul cours, elle voulait absolument se changer les idées et surtout, danser. Elle aimerait danser toute sa vie, si c’était possible.